Deuxième mini-romance érotique de la série She Time chez Crush éditions.
Lorsque Clara emménage seule dans son nouvel appartement, elle s’imagine déjà profiter de ses conquêtes en toute liberté, mais c’est sans compter sur Jeanne, sa voisine, aux yeux et au tempérament de glace, qui a décidé de lui pourrir la vie. Clara arrivera-t-elle à faire plier la belle brune quand un évènement va la contraindre à passer ses soirées avec elle ? Rien n’est moins sûr…
She Time n°02
Saphine, 2023
Collection : Pulp (FxF) 🫦
Sous-genre : nouvelle, romance érotique
Format : ebook, ePub
Nombre de mots : 18765
Niveau d'érotisme : hot 🔥 - adult only
Univers : voisines
Tags : sexe - libraire - soumission - striptease - douche - haters to lovers - sextoys
Ah… Enfin chez moi. Enfin seule. Après deux ans de colocation forcée, me voilà enfin libre. Libre de laisser mes affaires trainer, libre de prendre des bains pendant des heures et libre de m’adonner aux plaisirs du sexe sans bâillonner mes conquêtes d’un soir par peur de réveiller le yéti qui me sert de voisine de chambre. Je ne parle pas de son pelage, mais du froid himalayen ressenti dans sa culotte qui fige jusqu’à son visage continuellement fermé. Je doute fort qu’elle sache d’ailleurs où se trouve son clitoris. J’avais bien essayé de lui situer une fois — complètement bourrée, à ma décharge — mais, même moi, je ne l’avais pas trouvé. En a-t-elle seulement un ? Si c’était le cas, je n’aurais eu aucun mal. Je me considère — sans vouloir me vanter — comme une spécialiste de l’anatomie féminine. C’est simple, j’aurais pu être gynécologue si je n’avais pas été davantage attirée par la littérature que par la médecine.
Après mes études que j’ai terminées en juin, j’ai, sans grande surprise, obtenu un CDI dans la librairie où j’ai travaillé à mi-temps pendant deux ans. Monsieur Henri, le propriétaire, compte sur moi pour prendre la relève à sa retraite, d’ici quelques années. Alors j’économise pour réaliser mon rêve et lui permettre de se retirer l’esprit tranquille. Il est pour moi comme un grand-père que je n’ai jamais eu — sage et bienveillant, mais pas encore impotent. Personne n’aurait misé un euro sur notre binôme improbable, lui étant distingué avec ses bretelles et son nœud pap’ et moi ressemblant à s’y méprendre à une barmaid de club hype, tatouée et décolorée. Pourtant, il m’a tout de suite prise sous son aile, me laissant même un rayon complet pour les mangas, ma passion. Nos expertises combinées nous apportent à ce jour une clientèle variée et éclectique. J’adore mon boulot et maintenant que je peux me permettre de vivre seule, je vais adorer ma vie.
L’appartement n’est pas très grand, certes, mais il est bien agencé. N’étant pas du genre casanier, seules les pièces dites de survie me sont utiles, à savoir la cuisine, la salle de bain et la chambre. Je passe le plus clair de mon temps à la boutique et dans les bars lesbiens. La déco est un peu défraichie. Pas vraiment important, il est propre et le loyer décent. J’ai même un balcon à l’arrière sans vis-à-vis que je partage avec une voisine au vu du nom inscrit sur la boite à lettres, Jeanne Dufresne — ce doit être une vieille. Je ne l’ai toujours pas aperçue.
Quelques cartons trainent encore çà et là, j’ai la flemme et une envie de bouger. J’aspire à harponner une ravissante demoiselle et lui susurrer dans l’oreille un « Tu veux terminer la soirée chez moi ? » pour inaugurer la place et tester l’insonorisation. Me voilà donc partie au Pulp où j’ai mes petites habitudes et surtout un vivier de charmantes amantes toujours open pour une nuit de débauche sans lendemain. Je m’installe au bar devant un bloody mary et les observe chercher désespérément l’amour. Après quelques verres et désillusions, l’une d’elles finira immanquablement pendue à mon cou, soulagée de pouvoir amortir ses consommations, son maquillage et son épilation « On ne sait jamais » grâce à un orgasme. Je n’ai pas à attendre longtemps que déjà la jolie Emma s’agrippe à ma nuque.
— Clara… Je peux t’accompagner ?
— Bonsoir, ma belle. Je n’y vois aucun inconvénient.
Elle fait un signe à la patronne, Chloé, et lui commande deux verres de mon cocktail préféré.
— Y aurait-il une chance pour que tu n’aies pas encore trouvé de maitresse pour la nuit ?
— Ça dépend. Ça t’intéresse ? murmuré-je dans son oreille avant de lui embrasser tendrement le cou.
— Oui… Pour dire vrai, j’espérais bien te rencontrer ici ce soir…
Emma et moi sommes parfaitement compatibles dans un lit comme dans la vie. Elle n’attend de moi que ce que je suis prête à offrir — du bon temps. Nous sommes ce que je pourrais qualifier de sexfriends, sans sorties shopping ni épanchements. Et encore, c’est beaucoup dire, je ne connais même pas son numéro. Notre accord implicite nous amène à nous retrouver dans ce bar quand le destin s’en mêle. Elle doit avoir peut-être cinq ans de plus que moi et une carrière qui l’accapare. Elle ne pose jamais de questions et j’ai pris l’habitude de lui retourner cette faveur. De toute façon, nous ne nous voyons pas pour parler, nous baisons et sur ce plan, elle excelle. La seule entorse que nous nous autorisons est de finir la nuit ensemble. Nous savons l’une comme l’autre qu’il n’y aura ni malaise ni malentendu au petit matin. Je suis ravie que ce soit elle qui inaugure ma nouvelle chambre.
— Chez moi ?
— Tu es sûre ? J’aimerais éviter les foudres de ta colocataire et… ne pas être obligée de me retenir… Ça fait longtemps…
Deux semaines. C’est elle à présent qui s’amuse à me faire frissonner en mordillant mon lobe qu’elle sait sensible.
— J’ai emménagé… seule…
— Oh… Clara a pris son indépendance…
Elle passe maintenant ses lèvres sur la peau susceptible de mon cou. À chaque parole son souffle le caresse et je lui livre un peu plus.
— Plus de « Chut » ? De « Retiens-toi » ? Ou de main sur ma bouche ?
Je vais la prendre sur le comptoir si elle continue. J’ai envie de la coller à moi, de la sentir entre mes jambes et de trouver sa langue avec la mienne, mais déjà je constate quelques regards sur nous et Chloé n’apprécierait certainement pas le spectacle, elle qui fait la chasse aux cinq-à-sept dans ses toilettes.
— Non… Je vais te faire crier…
— Qu’est-ce qui te dit que ce n’est pas toi qui vas crier ?
Ses yeux accrochent les miens pendant qu’elle m’écarte les genoux sur ce tabouret. Incapable de serrer les cuisses, tout mon désir me réclame de combler ce vide qui me tiraille le bas-ventre. Elle ne le remplit pas, elle joue à distance et je sens mon sexe battre aussi vite que mon cœur. Elle m’excite. Je me liquéfie et abdique. Tout ce qu’elle veut tant qu’elle arrête cette torture, accapare mon intimité et me soulage de cette envie presque animale de me faire sauter.
— Viens…
Elle sourit malicieusement pendant que je lâche deux billets à la hâte sur le bar, à côté de nos verres quasiment intacts. Je l’attrape par la main et retrouve la sortie en saluant rapidement la barmaid qui me fait un clin d’œil pour le joli pourboire. Je l’escorte jusqu’à sa voiture et lui enjoins de me suivre. Après quelques minutes dans une circulation fluide, elle se gare près de moi sur le parking de l’immeuble. La route a été un calvaire, j’ai envie d’elle. Je me retiens de la faire passer sur mes sièges arrières. Elle me succède sans prêter attention aux alentours, ce sont mes fesses qui l’intéressent à cet instant. À peine les portes de l’ascenseur fermées, je scelle nos bouches avec avidité et guide sa main dans mon pantalon.