Charlie, jeune médecin de trente ans, se retrouve, après avoir enchaîné les drames, coincée dans une vie qu'elle n'a pas choisie. Décidée à la reprendre en main, elle s’engage auprès de Médecins Sans Frontières. Lorsqu’elle s’apprête à décoller de Paris pour une mission humanitaire en République Démocratique du Congo, elle ne s’attend pas à avoir un coup de foudre pour une de ses consœurs, croisée au guichet d’enregistrement. Célibataire depuis peu, déçue et hétéro, comment va-t-elle gérer son attirance pour la belle et espiègle Sasha ? Surtout si d’autres aspirants à l’amour s’en mêlent…
I love you to the moon and back
Juline, 2024
Catégorie : Love & Life
Sous-genre : romance contemporaine
Format : ebook, ePub
Nombre de mots : 54 273
Niveau d'érotisme : medium 💋💋
Univers : médical
Tags : humanitaire - Congo - Paris - voyage - aéroport - triangle amoureux - médecine - famille - cohabitation - coup de foudre
Allongée dans mon lit, je lutte pour ouvrir les yeux. Les rayons du soleil pénètrent mes paupières encore closes. Je pousse un soupir qui en dit long sur mon envie de me lever. En quelques minutes, la sonnerie de mon téléphone retentit pour la troisième fois, me signifiant qu’il est enfin temps de sortir de mon état végétatif et d’oublier les cauchemars qui rythment mes nuits. Ma vie a bien changé en peu de temps. Elle n’est plus celle que je m’étais amusée à construire dans mes jeux de poupées lorsque j’étais encore une enfant. Non, cela est définitivement du passé. Après avoir rejeté le drap dans lequel je suis enveloppée et posé les pieds au sol, j’étire mes bras vers le haut. Sentir mes muscles et mes tendons se contracter au fur et à mesure que mes doigts tentent en vain de toucher le plafond est une véritable consolation. Je laisse ensuite retomber mes membres brutalement sur le matelas en expirant tout l’air accumulé dans mes poumons. Mes épaules se voûtent et je sens alors tout le poids de ma tristesse et de ma colère s’abattre de nouveau sur le haut de mon corps. Je me redresse lentement et vais me poster devant le miroir de plain-pied qui orne l’un des murs de ma chambre. J’examine les cernes qui vieillissent les traits de mon visage d’ordinaire juvénile. Depuis quelques mois, je ne me reconnais plus. La femme de trente ans, pleine de vie et sportive que j’étais, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Mes yeux d’un vert très clair contrastent d’habitude avec la couleur de mes cheveux châtains qui m’arrivent sous la ligne des épaules. Je les attache très souvent dans un chignon soigné pour laisser l’air frais chatouiller la partie sensible de ma nuque dégagée, mais aujourd’hui, je n’en ai pas la force. J’accroche un peu plus mon regard au reflet que me renvoie le miroir et je ne parviens pas à retenir les larmes qui viennent border mes paupières. Rapidement, ma vue se brouille et je m’oblige à chasser l’amertume qui me hante en m’essuyant les yeux du revers de la main.
Des cris de joie, provenant du couloir, me contraignent à sortir bien plus brusquement que je ne le peux de ma morosité. J’ai à peine le temps de me retourner, que la porte s’ouvre à la volée et qu’un petit corps s’élance vers moi tel un boulet de canon. Le choc me coupe le souffle, mais je ne peux réprimer un sourire en sentant ma nièce se blottir contre moi.
— Salut, tatie ! Bien dormi ? me demande-t-elle de sa voix perçante.
— Oui, très bien. Et toi, ma chérie ? la questionné-je en lui caressant les cheveux.
— Tu viens ? Maman a préparé des pancakes ! Allez, dépêche-toi avant que Marius ne mange tout !
— Oui, j’arrive tout de suite, Apo, promets-je en souriant devant son enthousiasme et sa défiance envers son frère.
Avant que j’aie pu esquisser le moindre mouvement, la mini tornade s’enfuit, sans prendre la peine de m’attendre, en direction de la cuisine, d’où émane une délicieuse odeur de crêpes.
Apolline est tout juste âgée de sept ans et a déjà un caractère bien trempé. Elle sait exactement ce qu’elle aime et ce qu’elle veut. J’ai toujours adoré cela et n’ai de cesse de répéter à sa mère, ma sœur, qu’avec un tempérament pareil, elle ira loin dans la vie.
Résolue à abandonner ma tanière, je progresse lentement vers l’arène où ma nièce, à genoux sur une des chaises, tente d’allonger le plus possible son bras mince pour attraper un des pancakes disposés au centre de la table. Marius, son cadet, âgé de cinq ans, prend un malin plaisir à repousser l’assiette pour l’empêcher de se servir, ce qui ne manque pas d’arracher des cris d’indignation à la petite gloutonne.
— Maman !!! hurle-t-elle. Marius fait exprès de m’embêter !
— Marius, STOP ! retentit la voix de ma sœur dans mon dos.
Je ne peux m’abstenir de sursauter tellement l’intonation a été forte.
— Tu m’as fait peur, Élise, chuchoté-je en mettant une main sur mon cœur afin de souligner l’effet de surprise qu’elle a eu sur moi.
— N’exagère pas, Charlie… Va plutôt calmer ton neveu et ta nièce avant que je ne m’en charge et que je les prive tous les deux de petit-déjeuner !
Élise appuie ses derniers mots en regardant sévèrement ses enfants pour leur faire comprendre qu’ils sont allés trop loin. J’étouffe un rire en voyant l’air horrifié de Marius et Apolline. Les paroles de leur mère ont l’effet escompté et ils s’asseyent sagement en attendant que je vienne les servir. J’ai toujours été impressionnée par la manière dont ma sœur gère ses deux boules d’énergie ; elle est à la fois ferme et intransigeante, mais sait aussi se montrer douce et enveloppante. Une fois Élise installée à table avec nous, je m’amuse à observer leur manège à tous les trois : leurs chamailleries, leurs rires et leur complicité. Tout est plaisant à voir.
Alors que je bois tranquillement mon café, appréciant chaque lichée du précieux liquide noir qui s’écoule dans le fond de ma gorge, la porte d’entrée s’ouvre, déclenchant aussitôt un déferlement d’excitation de la part des enfants. Marius et Apo s’élancent, les bras grands ouverts, vers leur père qui rentre d’une garde de vingt-quatre heures. Charles, cardiologue réputé, passe de longues périodes à l’hôpital et son devoir l’éloigne régulièrement de leur vie de famille.
— Papa ! crient-ils en chœur tout en se bousculant pour avoir la primeur d’un câlin.
Machinalement, je me retourne vers la source de leur engouement. Élise s’avance vers lui à son tour pour l’embrasser sur la joue et lui tendre une tasse fumante. Charles la remercie d’un tendre baiser. Leur échange de regards en dit long sur l’amour qu’ils se portent. Je contemple cette scène, désabusée quant à l’idée qu’une telle chose puisse encore m’arriver. Me voyant l’air maussade, Élise se rapproche de ma chaise.
— Tout va bien, Charlie ? s’inquiète-t-elle en mettant une main sur mon épaule.
— Oui, oui, confirmé-je nonchalamment. Pourquoi cette question ?
— Tu sais que tu pourrais avoir tout cela toi aussi, m’assure-t-elle en me faisant un clin d’œil appuyé.
Je devine tout de suite de qui elle veut me parler et je n’ai aucune envie de l’entendre, pour la énième fois, évoquer le collègue avec lequel elle adorerait me caser.
— Si tu prononces encore son nom, je me barricade dans ma chambre pour la journée ! menacé-je.
Élise ne peut retenir un rire moqueur devant ma réaction.
— Très bien, je ne dirai pas son nom, réplique-t-elle avec un sourire. Mais, je tiens à souligner qu’il est grand, brun, aux yeux bleus, très intéressant et surtout très bien bâti, ajoute-t-elle en me lançant un regard plus que suggestif.
— C’est Charlie que tu essayes de caser ou toi ? l’interroge Charles en s’approchant de la table.
Je laisse fuser un ricanement qui me vaut une belle grimace de la part de ma sœur.
— Ah ! Ah ! Très drôle, Charles… Tu sais bien que tu es le seul et unique amour de ma vie… lui affirme Élise en le frôlant sensuellement et en lui donnant un baiser rivalisant avec nombre de scènes romantiques de cinéma.