top of page

Quand Elissa rejoint l’équipage de l’Eurybie, elle n’a pas conscience des dangers qui guettent Théore à son bord. Va dès lors commencer, pour elles, un périple en mer à travers les différentes îles de l’empire. 

Maksen, quant à elle, déterminée à tenir sa promesse faite à la reine Galade avant sa mort, embarque clandestinement dans le Céto qui part à la poursuite du navire de la descendante du trône des Amazones pour déjouer les plans des jumelles usurpatrices.

Reste alors Thelma sur l’île pour organiser la mutinerie face à la nouvelle régence despotique qui menace l’équilibre du peuple et réprime la Résistance.

La courtisane et la dauphine parviendront-elles à contrecarrer les desseins macabres de l’équipage corrompu ? Maksen arrivera-t-elle à rejoindre la femme qu’elle aime au plus profond de son âme ? Thelma trouvera-t-elle le soutien et les moyens nécessaires au soulèvement qui pourrait sauver le royaume ?

L'île des Amazones - Tome 2 - Part 1 : Le prix de la descendance

9,99 €Prix
  • Sam Taylord, 2023

    Catégorie : Rebel & Love

    Sous-genre : Aventure

    Format : ebook, ePub

    Nombre de mots : 99 237

    Niveau d'érotisme : soft

    Univers : Amazones

    Tags : périple - société inclusive - femmes - amitié - courtisanes - royauté - résistance - combattantes - marines - trahison - coup d’état - pirates - enfantement

     

  • Seule dans la cabine supérieure du navire, la courtisane Elissa ne prêtait aucune attention ni à la nuit qui tombait sur le bateau Eurybie ni au sillon blanchâtre d’écume que traçait le vaisseau en découpant les flots. Voilà près de trois semaines qu’elle avait quitté l’île des Amazones pour escorter la dauphine Théore durant son enfantement et elle portait au cœur une nostalgie qui ne semblait jamais devoir s’épuiser.

    Six prétendants pour la fille du royaume des Amazones devaient être rencontrés. Le premier se trouvait sur l’île des Volcans – destination vers laquelle le bateau dardait son beaupré. L’un d’eux servirait à concevoir la descendance de l’héritière, avant que celle-ci ne prît place sur le trône. La dernière fois qu’Elissa avait vu son duché, il y régnait une atmosphère pesante de surveillance et de manipulation. On craignait un coup d’État, mais la fin de la cérémonie des Anges avait laissé l’Eurybie lever les voiles sans heurt. Qu’en était-il maintenant ?

    Les épaules de la courtisane s’affaissèrent dans un soupir. L’ambiance sur le navire était étrange. L’escorte, choisie par les cousines de la dauphine, Saureïn et Servanne, ne démontrait pas la dévotion qu’on eût pu attendre pour une fille de sang royal. Elissa avait surpris des actes suspects de nonchalance à l’égard de son altesse, voire d’insolence. Elle imputait cet esprit indiscipliné au commandement dissident de la mercenaire Zorane et de son bras droit Zaig.

    Certes, ces deux femmes avaient résidé dans le duché de la Torture, mais aucune n’avait accepté de porter le nom d’Amazone. Elles n’avaient ni chevalière ni tatouage aux doigts, refusaient les coutumes imposées par le code du Canoune, se moquaient de l’existence de la déesse Ônah et du dieu Cseyx. Les mercenaires demeuraient à l’écart de la vie réglée des Amazones dévouées à leur communauté.

    Les avoir en tant qu’amirale et capitaine du vaisseau avait de quoi inquiéter. Il fallait pourtant admettre que les arguments des jumelles royales étaient parvenus à convaincre la dauphine : Zorane et Zaig avaient, en effet, l’habitude du commandement et possédaient de tangibles connaissances en navigation. Tout indiquait qu’elles faisaient aussi de solides hacheuses – l’arme de prédilection du duché de la Torture – et sauraient reconnaître les particularités des climats ou des sols des îles alentour.

    Il n’en demeurait pas moins que la courtisane sentait par moment sa majesté fébrile. Dans ces instants, elle ne quittait pas son ombre, persuadée que sa loyauté finirait par lui attacher les confidences de son altesse et qu’elle pourrait alors lui offrir une aide plus servile encore. Après tout, elle était la seule, avec l’écuyère Inaya, à avoir été directement choisie par sa volonté et non celle de ses cousines. 

    Mais Elissa craignait que l’arrivée sur l’île des Volcans, parmi un équipage aussi peu scrupuleux, ne fût l’occasion de fragiliser davantage la vie de Théore. Nulle n’avait pu obtenir d’archives détaillées sur cette île et on ignorait ce qui s’y était déroulé depuis plusieurs décennies. Seules quelques trafiquantes semblaient s’en être approchées pour s’y ravitailler, mais aucune scribe n’avait tenu à son propos des rapports précis. Pourtant, un premier prince y avait fait sa demande, il fallait donc que l’Eurybie y accostât, suspendant avec ses voiles l’avenir de la dauphine.

     

    Pour l’heure toutefois, Elissa était obnubilée par autre chose. Penchée sur une table de marbre recouverte d’une nappe en cuir de vachette clair, la courtisane grattait de sa plume sombre un énième parchemin. Elle était parvenue à assembler ses derniers écrits en les filant, par le biais d’une grosse aiguille, à l’aide d’un élégant ruban de soie bleu cobalt et s’adonnait à la rédaction de pensées qu’elle adressait au même fantôme, toujours plus muet à mesure que le navire s’éloignait de son île.

    Elle n’avait pas délaissé uniquement ses amies là-bas, mais elle avait aussi quitté la femme dont elle était aveuglément éprise et qui avait refusé de faire d’elle son épouse. Elissa souleva sa plume, le temps d’un pincement de lèvres.

     

    « Carnet de bord d’Elissa.

    Chère marquise Cassandra,

    Voilà plusieurs semaines que nous ne nous sommes pas vues et il se déroulera encore des mois avant que mes yeux croisent enfin le chemin des vôtres. Pourtant, le temps ne résout rien et je continue de vous aimer.

    Comme cet amour me gêne et m’encombre ! Comme je voudrais m’en libérer ! Comme j’aimerais passer auprès de vous, mettre quelques instants à vous reconnaître, vous saluer avec indifférence et m’en retourner à ma vie !

    J’adorerais vous offrir cette indifférence-là, parce que je sais – et c’est bien ce qui me brise le plus – que vous en seriez soulagée, car vous regrettez, n’est-ce pas ? Vous regrettez de m’avoir rendue si amoureuse. La dernière fois que je vous ai vue, vous sembliez embarrassée par mon émoi, dès lors qu’il ne vous faisait plus éprouver ces petites secousses qui illuminaient vos journées paresseuses…

    Dorénavant, la passion que je ressens pour vous est une menace. Vous craigniez que, sur un accès de folie, je cède à l’envie de parler à votre épouse, Lucia… comme ce nom m’ôte tout espoir d’exister !

    La perspective de mes aveux vous épouvante et je vous imagine déjà tomber à ses pieds, la supplier de vous pardonner pour vos péchés et me rendre l’unique coupable de cette maladie d’amour.

    La dernière fois que je vous ai vue, il y avait une telle froideur dans votre regard que j’ai cessé un instant de vivre.

    Mon royaume chimérique est l’ultime lieu où vous accueillez encore les caresses que je brûle de vous offrir.

    Je suis terriblement malade et mon mal porte votre nom : Cassandra. »

     

    Un bruit sourd sur la nacelle interrompit sa rédaction. Afin que nulle ne pût la relire, elle avait pris soin d’employer la langue insulaire. Seule la dauphine connaissait la traduction des termes, mais son altesse n’irait jamais se préoccuper du carnet d’une simple courtisane.

    Elissa se tourna vers la porte de la cabine. Il lui semblait qu’on s’agitait sur le pont. Elle reconnut la voix de la marine Hessma qui hurlait de baisser les voiles. Une île ? Enfin ? Elle glissa en vitesse son livret improvisé dans son corsage et se rua en avant. Cela faisait près de trois semaines qu’elle n’avait pas vu la terre et son regard voulait désespérément se heurter au front d’une roche, à la surface rassurante d’un sol limité et palpable, aux corps charnels de l’argile et de l’humus.

    Ne prêtant aucune attention à l’équipage, elle traversa le pont, enjamba les cordages roulés en boule près des mâts et vint se placer au niveau de la proue, sur la poulaine de l’Eurybie. Un peuple en liesse ? Une parade en fête ? Un orchestre de bienvenue ? La courtisane éprouva la frénésie d’une espérance folle. L’île des Volcans se dressait, majestueuse et menaçante, devant elle !

    Mais sur le quai lointain régnait un parfait silence… Seul un bateau de commerce était amarré, ondulant sans bruit au gré du clapotis des vaguelettes qui ne suffisaient pas à rendre sa nef volubile et tapageuse.

    Plus l’Eurybie avançait en direction du port, plus Elissa sentait son excitation se dégonfler. Elle avait espéré y voir de la vie, des foules, des chants, l’animation rassurante d’une ville qui accueille de nouvelles voyageuses. Après tout, l’arrivée d’une dauphine était un événement ! Le prince ensemenceur qui avait fait sa demande auprès de Théore aurait pu s’attendre à la recevoir d’un jour à l’autre et ainsi, garder des victuailles dans ses greniers, préparer ses meilleurs danseurs et parer son entrée de ses plus somptueuses couleurs.

bottom of page