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Après avoir bravé les caprices de l’océan, les territoires hostiles et vu leurs amies tomber les unes après les autres face à des peuples impitoyables et dangereux, l’équipage du Céto rejoint enfin sa dauphine sur l’île des Centaures. Les retrouvailles, bien qu’émouvantes, laissent place à la surprise de découvrir Théore et Elissa enceintes. C’est grâce au soutien inespéré de leur plus vieil ennemi, le roi Isarne, qu’elles réussiront à reprendre le chemin de leur terre. S’annonce alors le retour tant attendu de l’héritière par Thelma et les mutines qui se préparent depuis des semaines à la guerre civile contre les partisanes des jumelles usurpatrices.

La dauphine parviendra-t-elle à récupérer sa couronne et rétablir un royaume fort, uni et surtout plus juste ? Thelma verra-t-elle ses sœurs d’armes tomber sur le champ de bataille ? Les enfants à naître pourront-ils survivre au voyage ou encore à la loi implacable du Canoune ? Maksen obtiendra-t-elle les réponses aux questions qui l’obsèdent sur son passé sans perdre définitivement la femme qu’elle aime ?

Les Amazones arriveront-elles à se relever, à pardonner et à se reconstruire ?

L'île des Amazones - Tome 3 - Part 2 : La sagesse de la rose

9,99 €Prix
  • Sam Taylord, 2024

    Catégorie : Rebel & Love

    Sous-genre : Aventure

    Format : ebook, ePub

    Nombre de mots : 72 055

    Niveau d'érotisme : soft

    Univers : Amazones

    Tags : guerre civile - société inclusive - femmes - amitié - courtisanes - royauté - périple - combattantes - marines - trahison - héritière

     

  • Chapitre 1. Les racines déterrées

    Elissa

    « Il me semble, après des années de réflexion, que chaque être vient au monde avec un capital de larmes. Certains en ont un océan entier à disposition ; d’autres n’en ont qu’un petit réservoir pour toute la vie.

    Lorsque le peuple amazone eut bien pleuré, il ne lui resta plus rien d’autre que de se relever et de bâtir une nouvelle cité.

    Apprentie scribe, Elissa »

    Ainsi commençaient les mémoires de la S1, l’ancienne princesse de sang déchue, qui écoulait ses jours dans les geôles du palais pour avoir trahi la couronne. Si Elissa n’était officiellement plus courtisane, elle n’était pas encore véritablement scribe. Et c’était par le récit de la vie de l’ex-altesse qu’elle espérait valider ses mois de formation au monastère du Trafic.

    Les souvenirs qu’elle rédigeait ne seraient, cependant, bientôt plus le seul travail d’écriture qu’elle devrait réaliser. Elle avait entendu dire que les professeures de lettres se montraient très exigeantes et c’était aujourd’hui qu’elle devait les rencontrer. Elle avait au cœur un poids qui lui faisait ployer les épaules jusqu’au sol. Et si elle échouait ? Si elle ne parvenait pas à obtenir ce précieux diplôme pour changer de vie ? La reine serait en colère, bien sûr ; elle-même serait déçue. Mais il y avait pire encore : est-ce qu’on lui retirerait plus tôt que prévu la garde de l’héritière, Daenariane ? Et quid de sa propre fille Maheu ? Enfin, Onara aurait toutes les raisons de lui en vouloir : son amie avait quitté son rôle de tenancière du Hammam des Phœnix simplement pour la suivre, elle, dans son avancement de carrière et sa maternité.

    Onara n’avait pour l’heure aucun travail officiel. Cependant, parce qu’elle était une cliente régulière d’Hermesse et qu’elle avait dépensé une petite fortune dans l’achat d’hormones afin de maintenir son apparence comme elle la souhaitait, elle était parvenue à se faufiler parmi les figures proches de la trafiquante en chèfe.

    Or, cette dernière était partie depuis deux semaines. C’était finement jouer de la part d’Onara d’avoir anticipé et de lui demander d’être l’une de ses femmes de confiance. La négociante et l’ancienne tenancière avaient longuement négocié et finalement, Onara avait obtenu la gestion du marché des hormones. C’était elle qui administrait, dans les trois territoires, l’import et l’export des marchandises, mais aussi les problématiques de stockage, de production ou de diffusion. Elle avait déjà débuté depuis une semaine à distance le traitement des affaires courantes, avant qu’Elissa et elle ne quittassent pour de bon le duché de la Mort.

    À présent que la formation de scribe allait commencer, Onara entamait officiellement son travail, bien qu’elle dût attendre le retour d’Elissa pour filer à la caverne d’Hermesse et s’en occuper.

    L’emploi du temps des petites serait ainsi plutôt simple : le matin jusqu’à treize heures, elles demeureraient avec leur tante Onara et l’après-midi jusqu’à tard, elles ne verraient qu’Elissa. Durant tout le jour et toute la nuit, la concierge Vanya resterait dans l’appartement ou irait participer à une partie de tarot avec quelques compagnes à deux pas du logis. Cependant, elle serait toujours à proximité pour aider les deux amies à s’occuper des fillettes.

    Leur lieu de vie, à toutes, n’était pas bien rangé. La drôle de famille ne s’y était installée que quelques soirs auparavant. C’était un cinq pièces confortable où les petites partageaient la même chambre. Les meubles avaient été envoyés en avance et se trouvaient être de très bonne facture – la souveraine y avait veillé.

    Cependant, il manquait du linge pour les enfants, quelques décorations pour égayer le lieu et Vanya n’avait presque aucune affaire à elle. C’était à croire qu’elle avait passé toute sa vie dans le dénuement le plus total. Il faudrait faire une liste d’achats nécessaires, que la reine payerait. Elissa comptait sur sa générosité pour les soutenir lors de leur installation. À part Onara, qui œuvrait sous le chapeau, leurs ressources financières restaient très minces : Elissa ne recevrait pas grand-chose durant ses études et la concierge ne disposait de rien du tout, pas la moindre économie.

    Elissa chassa ses ennuis d’argent et se présenta au seuil du monastère du duché du Trafic. Il y avait une petite cloche en fer qu’elle secoua pour alerter les spirituelles. Un duo de femmes vint l’accueillir : la plus lente était une très vieille dame à l’air sévère et l’autre, une jeune en formation, toute rose, toute ronde et tout excitée à l’idée d’accepter une nouvelle pensionnaire.

    La maternité d’Elissa avait bien sûr été discutée en amont et chacune, au temple, savait que la recrue ne resterait pas au dortoir et s’éclipserait à treize heures. Cependant, c’était toujours une fête de recevoir une nouvelle scribe au duché : il en manquait tant dans le royaume !

    La plus fraîche des deux spirituelles galopa dans ses sabots et sauta presque au cou d’Elissa.

    — Tu es la nouvelle apprentie, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ?

    Elle avait deux gros ronds roses sur les joues, comme si l’afflux du sang avait dessiné là une lune joyeuse et replète pour rendre à ce visage déjà allègre toute l’amabilité du monde. Elissa se fendit d’un large sourire. Elle allait confirmer quand l’autre femme – elle devait avoir près de soixante-dix ans – lui coupa la parole :

    — Apprentie Annette, calme-toi, on dirait un chiot devant un bâton.

    La plus jeune se rembrunit, fâchée d’être ainsi comparée à un animal. Elle se pinça les lèvres et ne pipa mot pendant une longue minute, qui semblait lui paraître interminable, car elle ne pouvait s’empêcher de lancer des œillades curieuses à la nouvelle.

    — Elissa, n’est-ce pas ? Je suis la spirituelle Josace. Elle observa d’une mine mécontente la tenue d’Elissa. Il faudra te trouver une robe un peu plus couvrante. D’autant plus que tu ne viens pas d’une profession… je dirais… habituelle pour nous et entre nos murs.

    Elle laissa planer un silence avant de reprendre :

    — Sois sans crainte, ajouta-t-elle de l’air de celle qui savait mal consoler et attendait une rigueur impeccable de la part de ses novices, notre vidame est clémente. Elle estime que chaque femme a droit à une seconde chance et nous respectons, par ce précepte, la volonté d’Ônah.

    Josace se signa et ne voyant pas les apprenties faire de même, elle leur lança un regard appuyé jusqu’à ce que les deux se réveillassent et s’exécutassent.

    — Suis-moi. Je vais te montrer tes quartiers et te présenter à tes formatrices. Ici, nous avons trois maîtresses d’écriture. La première pour la graphie, la seconde pour l’histoire et la civilisation et la dernière, pour les travaux de traduction. Je suppose que tu n’as même jamais su dire un mot de notre ancienne langue insulaire ?

    Le mépris de Josace n’était pas un dédain social, mais plutôt une condescendance intellectuelle. C’était le genre de femme qui commençait à considérer sa prochaine lorsqu’elle avait la certitude de s’adresser à une personne qui avait quelque chose dans la tête.

    — Au contraire, Josace, infirma Elissa.

    Et dans son esprit, une fierté secrète venait de s’allumer. L’angoisse qu’elle ressentait disparut de moitié. Les spirituelles, ici, s’attendaient à voir une petite inculte au comportement grossier d’ex-lorette. Elissa pourrait facilement les surprendre : elle jouait de la harpe, composait des partitions, parlait l’ancienne langue insulaire et possédait une mémoire très performante. Elle se frotta les mains, prête à se mettre à la tâche.

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