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Lorsque Sasha, nombriliste et avocate promise à un avenir brillant, se voit imposer une assistante par Helena, sa tante et directrice du cabinet familial SAUMANE, elle ne s’attend pas à être déstabilisée par la douceur de Naëlle, une jolie rousse au caractère aussi déterminé qu’empathique. Cette dernière, quant à elle, a bien du mal à gérer le secret qu’elle doit protéger pour garder son poste face à la belle brune qui passe son temps à la troubler. Et si elle n’était pas la seule à cacher quelque chose ? Du mensonge à la vérité, il n’y a qu’un pas, mais faudrait-il encore qu’elles arrivent à s’avouer leurs faiblesses et à surmonter leurs différences...

Omegalove

9,99 €Prix
  • Johanne Millot, 2024

    Catégorie : Love & Hot

    Sous-genre : romance contemporaine 

    Format : ebook, ePub

    Nombre de mots : 76 388

    Niveau d'érotisme : hot

    Univers : omegaverse

    Tags : droit - Paris - oméga - alpha - bêta - humour - procès - sexe - justice - famille - Lyon

     

  • 1 Sasha : l’assistant

    Il est presque vingt-deux heures quand j’entre dans le bâtiment. Le silence des locaux déserts, la nuit, a tendance à me détendre. Je suis ici comme chez moi. Pour tout dire, depuis quelques mois, j’y suis plus que chez moi. 

    Sans grande surprise, seul un bureau est encore éclairé à l’étage. Je passe, sans m’annoncer, le seuil de la porte vitrée toujours ouverte.

    — Libère le siège. Tu peux prendre ta retraite.

    Helena lève les yeux du dossier client qu’elle examine pour m’observer sans aucune expression sur le visage.

    — Je suppose que tu as gagné.

    — Évidemment, rétorqué-je en balayant l’hypothèse inverse de la main. Cinq cent mille euros de dommages et intérêts. Le vieux Strauss est aux anges.

    Je m’installe sur le canapé du coin salon de ce grand bureau d’angle. La vue sur Paris y est imprenable. Les bras étalés sur le dossier du sofa et les jambes croisées, je m’amuse avec ma chaussure à talon aiguille en arborant un sourire triomphal et suffisant.

    — Il a demandé des nouvelles de grand-père, continué-je. Je lui ai dit qu’il était mort. Tu aurais vu sa tête !

    — Quoi ?!

    — Ne me regarde pas avec cet air outré. Grand-mère devrait recevoir un énorme bouquet de fleurs d’ici demain et ça fera les pieds à papi radin.

    — Incroyable ! 

    Helena se masse les tempes pour se calmer avant de reprendre, quelque peu agacée.

    — Ne me dis pas que tu boudes encore Sasha-chou ? Tu n’as pas eu ton poney ?

    — Ne m’appelle pas comme ça !

    — Pourquoi pas ? Tu te comportes comme une gamine de six ans.

    Il est vrai que je suis contrariée. Mon grand-père a fondé ce cabinet d’avocats et l’a fait prospérer au point d’être aujourd’hui l’un des plus importants du pays : le cabinet SAUMANE. À sa retraite, Helena, sa fille et accessoirement ma tante, lui a succédé. Après avoir réussi le concours et terminé mes études, j’ai songé logiquement que mon nom figurerait sur le mur d’entrée avec le leur en tant que directrice coassociée. Cependant, et sans me consulter, ces deux traîtres, la chair de ma chair, m’ont généreusement attribué un poste de simple collaboratrice et installée dans l’open space, au milieu de personnes toutes plus médiocres les unes que les autres. Rien que d’y penser, j’ai envie de hurler.

    Devant mon air renfrogné, ma tante s’adoucit.

    — Écoute Sasha, tu fais de l’excellent travail…

    — Je suis la meilleure et tu le sais, m’agacé-je. Je gagne chacune des misérables affaires que tu daignes me donner. Je n’ai jamais perdu. En un an, seulement un an, j’en ai remporté plus d’une centaine et avec des commissions plus que confortables. Tes associés seniors ne font pas mieux.

    — Si tu m’avais laissé le temps d’en placer une, j’aurais pu te dire que j’ai décidé de te faire passer associée junior.

    — Junior ? La blague. Tu sais où tu peux te la mettre ta promotion ?

    — Associée junior avec un bureau, ajoute-t-elle calmement.

    Je m’enfonce dans le divan, les bras croisés sous la poitrine et la tête tournée.

    — OK, je prends le bureau, mais ne me refile pas une loge de gardien au onzième avec la compta.

    — Tu sais, mon cœur… Nous ne faisons pas ça pour t’ennuyer. Je ne veux pas qu’on sous-entende que tu as bénéficié de favoritisme. Tu dois gagner le respect en gravissant les échelons un à un et, malgré ce que tu penses, tu dois encore apprendre. 

    — Pitié ! Ne me fais pas de nouveau ta morale sur l’humilité. Je leur fais don de ma présence chaque jour, c’est limite un acte de charité. Je devrais pouvoir le déduire de mes impôts.

    — J’essaye juste de m’occuper de toi du mieux que je peux.

    — Tu t’improvises tutrice légale ? J’ai grand-mère pour ça.

    — Et quelle tutrice ! Depuis la mort de tes parents, elle s’est donné pour mission de te gâter et de te mettre des idées totalement arriérées dans la tête. Tu es arrogante et insolente. Tu te crois vraiment supérieure aux autres ? s’agace-t-elle de plus belle.

    — Bien sûr ! Je suis un alpha, lâché-je avec dédain.

    — Tu ne peux pas être supérieure à d’autres si tu es seule.

    — C’est la rançon de la gloire. Qu’est-ce que tu voudrais ? Que je fasse des brunchs avec des bêtas politiquement progressistes durant lesquels nous inventerions une société plus égalitaire ? Plus égalitaire pour eux et moins avantageuse pour nous.

    La population mondiale se compose de trois castes : les alphas, les bêtas et les omégas. Les alphas, dont je fais partie avec ma famille, en représentent environ vingt pour cent. Bien qu’inférieurs en nombre, nous sommes supérieurs en tout point. Nous formons l’élite de l’humanité en étant à la tête des plus grandes entreprises. Beaucoup plus intelligents et charismatiques, nos capacités font de nous des êtres hors norme. En plus de cette aisance cérébrale, notre physique avantageux, tant sur le plan de la force que de la beauté, révèle l’éminence de notre rang.

    Depuis quelques années, la politique du pays, portée par la majorité : les bêtas, s’évertue à rendre notre société soi-disant plus équitable et démocratique. Cette caste intermédiaire tente d’abolir nos privilèges et d’unifier les droits de chacun. À mon avis, toute cette hypocrisie va à l’encontre de notre nature profonde. Je ne comprends pas cette volonté de nier nos différences et encore moins les mélanges de genres. S’unir à un bêta est absolument vide de sens. Ils ne possèdent aucun instinct, aucune odeur, aucune phéromone, rien qui de mon point de vue ne les rende pas fades. Même en omettant leur insignifiance, il nous est impossible de nous reproduire avec eux et d’assouvir nos pulsions. 

    Les omégas, quant à eux, ne servent qu’à ça d’après moi. Représentant à peine dix pour cent de la population, cette caste incarne le genre le plus faible, celui qui a le moins de droits aussi. Au vu de leurs aptitudes très limitées, ils se contentent de faire ce pour quoi ils sont doués : parents au foyer – seuls les alphas peuvent les engrosser – ou objets sexuels. Là encore, les bien-pensants crient au scandale et leur ont, d’ores et déjà, octroyé le privilège de travailler, mais évidemment, seuls les métiers les plus ingrats leur sont attribués.

    Je ne suis cependant pas intolérante, je ne porte juste aucun intérêt aux personnes de castes inférieures. Depuis ma plus tendre enfance, ma grand-mère a mis un point d’honneur à ce que je ne les côtoie pas. J’ai suivi toutes mes études dans des écoles privées exclusivement réservées aux alphas. Ce cloisonnement évite toutes dérives et permet de faire perdurer notre espèce. Les accouplements avec nos semblables favorisent la reproduction positive, même si celle-ci n’est pas chose garantie – chaque adolescent doit passer par un diagnostic pour connaître son genre. Quoi qu’il en soit, et contrairement à mes congénères, je ne m’abaisse même pas à utiliser les omégas pour me satisfaire.

    Helena fait partie de ces progressistes au grand cœur et surtout au grand dam de sa mère. Elles se disputent régulièrement à ce sujet et je m’abstiens de prendre parti. J’ai du mal à comprendre la bienveillance dont elle fait preuve envers ces personnes extérieures à notre monde. Je l’ai parfois imaginée dans une de ces relations absurdes, mais à l’âge de quarante et un ans, je ne l’ai jamais croisée avec quiconque. Elle consacre sa vie au droit et à la justice.

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